EN BREF
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L’entreprise Mistral AI révèle des résultats inédits sur l’impact environnemental de son modèle de langage Mistral Large 2. Menée en collaboration avec le cabinet Carbon 4 et l’Ademe, l’étude va au-delà du simple calcul des émissions de CO2 générées pendant l’entraînement, en examinant l’ensemble du cycle de vie du modèle. En 2025, l’entraînement du modèle aurait émis 20,4 kilotonnes de CO2, consommé 281 000 mètres cubes d’eau, et épuisé des ressources abiotiques, comme 660 kg équivalent antimoine. À l’inférence, chaque réponse génèrerait environ 1,14 gramme de CO2. Ces résultats soulignent un besoin d’évaluation plus précise de l’empreinte carbone des modèles d’IA et encouragent une adoption de normes internationales pour le suivi de l’impact environnemental dans le secteur.
Dans un contexte où l’impact environnemental des technologies de l’IA suscite de plus en plus d’inquiétudes, Mistral AI a entrepris une analyse écologique approfondie de son modèle de langage, Mistral Large 2. Cette étude, menée en partenariat avec des experts en audit environnemental, vise à faire la lumière sur l’empreinte carbone de l’entraînement et de l’inférence des modèles de langage, tout en se comparant aux pratiques de leaders du secteur. Les résultats mettent en avant non seulement les émissions de CO2, mais également la consommation d’eau et l’épuisement des ressources abiotiques. Cet article explore en détail ces informations cruciales.
La nécessité d’une évaluation environnementale
Alors que l’utilisation des modèles de langage continue d’augmenter, il devient vital de comprendre leur impact sur l’environnement. La responsabilité écologique est aujourd’hui au cœur des préoccupations des entreprises et des utilisateurs. Avec la montée en puissance de modèles tels que ceux proposés par Mistral AI, la question de leur empreinte écologique se pose avec acuité.
Mistral AI a donc décidé d’agir en matière de transparence en dévoilant le bilan environnemental de Mistral Large 2. Contrairement à d’autres organisations qui ont développé leurs propres méthodes de calcul, Mistral AI a fait appel à des experts externes, tels que le cabinet de consultation Carbon 4 et l’Ademe, afin de garantir une analyse rigoureuse et objective de son modèle. Cette démarche est essentielle dans un secteur où les normes et les standards d’évaluation sont souvent absents.
Les résultats de l’étude environnementale
Émissions de CO2 et consommation d’eau
Selon les résultats présentés, l’entraînement de Mistral Large 2 aurait généré environ 20,4 kilotonnes équivalent CO2 après dix-huit mois d’utilisation, avec une consommation estimée de 281 000 mètres cubes d’eau. Ces chiffres sont particulièrement révélateurs, car ils sont parmi les rares à quantifier la consommation d’eau liée à l’entraînement des modèles de langage. En effet, très peu de fournisseurs de modèles de langage (LLM) partagent des données sur ce sujet, rendant ainsi toute comparaison délicate.
La mesure de la consommation d’eau a été obtenue en se basant sur le standard WCP (ISO 14046:2014), ce qui souligne l’approche systématique et normée adoptée par Mistral AI. La startup a également mis en avant une nouvelle métrique : l’épuisement des ressources abiotiques, qui se réfère à l’extraction des ressources non vivantes, telles que les métaux et minéraux, nécessités durant le processus d’entraînement. Cette dimension, bien que moins courante dans l’évaluation écologique des modèles de langage, est révélatrice des impacts parfois occulés de cette technologie sur l’environnement.
Une nouvelle métrique : épuisement des ressources abiotiques
Dans le contexte de l’entraînement de Mistral Large 2, l’étude indique un épuisement d’environ 660 kg équivalent antimoine (ou SB eq). Ce paramètre est d’une importance cruciale, car il permet de quantifier l’impact en termes d’extraction et d’utilisation de ressources rares dans la nature. Cependant, le fait que Mistral AI considère cette mesure comme optionnelle soulève des questions quant à l’évaluation complète de l’impact environnemental de ses modèles de langage.
La mise en avant de cette métrique unique constitue néanmoins un effort vers une évaluation plus holistique et détaillée. En intégrant les effets environnementaux de l’utilisation des ressources abiotiques, Mistral AI s’éloigne du cadre traditionnel centré uniquement sur les émissions de gaz à effet de serre.
Impact de l’inférence
Comparaison des répercussions entre entraînement et inférence
À l’inverse de l’heureux bilan de l’entraînement, l’inférence, qui est la phase de réponse aux requêtes des utilisateurs, présente une empreinte bien inférieure. Pour chaque réponse de 400 tokens, Mistral Large 2 aurait émis environ 1,14 gramme équivalent CO2, consommé 45 millilitres d’eau et épuisé 0,16 mg de SB eq. Cette évaluation se positionne comme une perspective rassurante, révélant que chaque requête ne génère qu’un impact environnemental marginal par rapport à l’entraînement.
Ce type de comparaison est essentiel pour déterminer comment les utilisateurs peuvent mieux comprendre l’impact de l’IA. Cependant, il est important de noter que, tout comme OpenAI, Mistral AI ne prend pas en compte le nombre total de requêtes soumises sur la même période. Les conséquences environnementales des défis de l’inférence, lorsqu’elles sont multipliées par le volume croissant de requêtes, peuvent rapidement devenir significatives.
Une extrapolation des données d’utilisation des LLM
D’après les données recueillies par la plateforme OpenRouter, l’API Mistral Large 2407 aurait généré 355 millions de tokens sur une période d’une approche de trois mois. La version Mistral Large 2411 aurait suivi avec 324 millions de tokens. Ces chiffres illustrent une augmentation de l’engagement utilisateur avec ces modèles. En tenant compte de la consommation marginale d’énergie et d’eau par requête, l’impact total devient de plus en plus pertinent.
Le volume de tokens généré ne pourrait pas égaler en un temps raisonnable l’empreinte CO2 de l’entraînement. Cependant, Dr. Sasha Luccioni de Hugging Face souligne que l’utilisation des modèles de langage a explosé, passant d’une consommation de 100 milliards de tokens par mois à plus de 2 000 milliards. Fort de ces statistiques, la prise de conscience sur l’impact environnemental de la phase d’inférence devient cruciale dans les années à venir.
Les métriques de durabilité en question
Une évaluation comparative avec d’autres modèles
L’étude de Mistral AI révèle des pratiques surprenantes. Par exemple, l’entraînement de Mistral Large 2 aurait émis dix fois plus de CO2 que celui de Llama 4, un modèle comportant 400 milliards de paramètres, alors que l’on pourrait s’attendre à ce que le second entraîne un impact plus significatif. L’ordre de grandeur des outils IA est d’emblée un facteur très déterminant dans l’évaluation de leur durabilité.
Les résultats montrent que pour un modèle ayant un nombre maximal de paramètres, les exigences en matière de puissance de calcul et l’intensité carbone des infrastructures sont cruciales. Mistral AI a effectivement révélé que leurs résultats incluent non seulement les émissions liées à la consommation d’énergie, mais également celles engendrées par la fabrication de serveurs. Ce fait marque un pas en avant dans la complexité de l’évaluation écologique des LLM.
Les limites de l’évaluation méthodologique
Il est cependant important de reconnaître les limites des données divulguées par Mistral AI. En effet, les valeurs présentées ne sont que des estimations, basées sur la méthode Frugal AI de l’AFNOR, sans normes établies pour une évaluation environnementale complète dans ce secteur. Comme l’indique l’étude, il n’existe pas de cadre fiable qui puisse offrir une image précise du cycle de vie des GPU.
Les études menées par d’autres grandes entreprises semblent confirmer cette réalité. Par exemple, Google a publié des estimations sur leurs TPU tandis que Nvidia a reconnu les défis d’établir une méthodologie claire en matière de cycle de vie. Cela souligne combien le domaine reste sous-exploré et combien il est nécessaire d’implémenter des normes communes pour une évaluation durable.
Appel à la transparence dans le secteur de l’IA
Le besoin crucial de normes établies
Dans le cadre de ces réflexions, Mistral AI s’est positionnée comme un acteur de changement, appelant les autres fournisseurs à adopter des normes internationales en matière de durabilité. En incarnant un leader dans l’évaluation de l’impact environnemental, la société espère inciter tous les acteurs du secteur à s’adapter aux exigences de la transparence.
Ces normes doivent inclure la consommation des ressources à toutes les étapes du cycle de vie des composants des infrastructures, et non seulement se concentrer sur les GPU. Des organisations comme Hugging Face, Salesforce et d’autres acteurs du secteur font écho à cette nécessité de standardisation. Cela garantirait non seulement une meilleure évaluation de l’empreinte écologique, mais aussi une plus grande responsabilité auprès des utilisateurs finaux.
Conseils pour les utilisateurs d’IA
En parallèle, la sensibilisation des utilisateurs à leurs responsabilités est également essentielle. Mistral AI suggère d’adopter une taille de modèle AI proportionnelle aux besoins réels, de grouper les requêtes et de privilégier des réponses courtes et ciblées. Cela pourra réduire significativement l’impact environnemental des opérations quotidiennes avec les LLM.
La fourniture d’un rapport détaillé sur la méthodologie et la transparence des résultats concernant les implications environnementales au nombre total de tokens est primordiale. Une communication claire sur l’impact de l’entraînement vs l’inférence aide également à la compréhension des utilisateurs de cet environnement où la flexibilité et l’optimisation sont des facteurs clefs.
Conclusion et perspectives d’avenir
Les réflexions menées par Mistral AI ouvrent la voie à une meilleure compréhension de l’impact écologique des modèles de langage. En promouvant la transparence et en encourageant une réflexion globale sur les pratiques actuelles, elles contribuent à forger l’avenir d’une intelligence artificielle plus durable. À mesure que les utilisateurs prennent conscience de leur rôle dans la consommation d’IA, on peut espérer voir émerger une culture d’utilisation responsable et éclairée dans le secteur. Cependant, pour que cette vision devienne une réalité, un effort collectif de tous les intervenants sera requis.

Témoignages sur l’Analyse écologique des modèles de langage : les conclusions d’une étude de Mistral AI
Marie Dupont, Responsable Environnement chez une start-up tech : « L’approche de Mistral AI pour l’évaluation de l’empreinte carbone de ses modèles de langage est innovante. Utiliser des normes de référence comme celles de Carbon 4 et l’Ademe démontre un réel engagement envers la transparence et la durabilité. Ce type d’analyse peut pousser d’autres entreprises du secteur à prendre conscience de leur impact environnemental. »
François Lambert, Chercheur en informatique et écologie : « J’apprécie particulièrement la prise en compte de l’ensemble du cycle de vie des modèles de langage, et pas uniquement de l’entraînement. C’est la première fois que j’entends parler de l’épuisement des ressources abiotiques dans ce contexte. Cela ouvre des voies de réflexion sur l’utilisation de matériaux rares et leur impact sur l’environnement. »
Sophie Bernard, Consultante en stratégie durable : « Mistral AI a franchi une étape importante en mettant en lumière l’impact environnemental des LLM. Bien que les chiffres avancés soient frappants, notamment concernant l’émission de CO2 lors de l’entraînement, il reste encore du chemin à parcourir pour standardiser ces mesures dans le secteur. J’attends de voir comment cela influencera les comportements des consommateurs et des entreprises. »
Julien Moreau, Spécialiste du développement durable : « Il est essentiel de comparer les empreintes carbone des différents modèles, comme l’ont fait Mistral AI et OpenAI. Mais, sans données claires sur le volume total de requêtes, il est difficile d’évaluer l’impact réel de l’inférence. Espérons que les futurs rapports apporteront plus de clarté et de profondeur à ces analyses. »
Clara Petit, Étudiante en ingénierie environnementale : « Les résultats de l’étude de Mistral AI me semblent un très bon point de départ pour sensibiliser les jeunes professionnels sur l’importance de créer des solutions d’IA durables. Il est crucial pour nous d’incorporer la durabilité dans nos projets dès la phase de conception. »
Thomas Lefèvre, Entrepreneur dans le secteur des IA responsables : « Il est encourageant de voir Mistral AI aller au-delà du calcul traditionnel de l’empreinte carbone. En introduisant des mesures sur la consommation d’eau et l’épuisement des ressources abiotiques, l’entreprise fait preuve de leadership. Cela incite d’autres acteurs du marché à s’engager dans une réflexion éthique et écologique. »