EN BREF
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Courir est souvent perçu comme un sport accessible, mais son impact environnemental mérite d’être examiné. Avec une empreinte carbone moyenne en France d’environ 9,8 tonnes par an, les coureurs doivent s’interroger sur leur contribution à cette pollution. Une étude de trois types de coureurs a révélé des résultats variés, allant de 2,83 à 10,13 tonnes de CO2 en fonction des pratiques et des déplacements. Équipement et déplacements, notamment les vols pour des compétitions, sont des facteurs clés de cette empreinte. Des initiatives commencent à émerger pour rendre les courses plus durables, comme l’élimination de matériel jetable et la promotion d’un transport eco-responsable. Il est crucial de trouver un équilibre entre la passion pour le running et la protection de notre planète.
La course à pied, bien que considérée comme un sport accessible aux athlètes de tous niveaux, soulève des questions concernant son impact environnemental. Entre le choix des équipements, les déplacements liés aux courses, et l’empreinte carbone générée, il devient essentiel d’examiner si cette passion pour la course est compatible avec une démarche écologique. Cet article se penche sur les effets réels de cette pratique sportive sur notre planète, en explorant divers enjeux et en proposant des solutions pour une course responsable.
Comprendre l’empreinte carbone du running
L’empreinte carbone représente la quantité de gaz à effet de serre émise par les activités humaines, mesurée en tonnes de CO2 équivalent. Pour respecter les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat, chaque individu devrait viser un maximum de 2 tonnes de CE2 par an. Cependant, en France, la moyenne actuelle s’élève à environ 9,8 tonnes.
Pour mieux comprendre comment le running contribue à cette empreinte, il est intéressant d’examiner les résultats d’une étude menée avec l’outil MyCO2, qui a modélisé trois profils différents de coureurs urbains, mettant ainsi en évidence comment les pratiques individuelles affectent leur empreinte carbone.
Analyser les différents profils de coureurs
Dans le cadre de cette étude, trois coureurs typiques ont été analysés : un coureur régulier qui court dans son quartier, un autre qui voyage pour des compétitions, et un athlète professionnel. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- Coureur 1 : sorties régulières dans son quartier, peu d’équipement, et consommation de viande. Résultat : 4,77 tonnes de CO2.
- Coureur 2 : utilise le train pour se rendre à des courses, est végétarien, et achète peu d’équipement. Résultat : 2,83 tonnes de CO2.
- Coureur 3 : athlète professionnel, participant à des compétitions internationales et utilisant des équipements reçus par sponsoring, avec une alimentation carnée. Résultat : 10,13 tonnes de CO2.
Il est clair que les déplacements, notamment en avion pour des marathons internationaux, influencent fortement l’empreinte carbone des coureurs, comme le souligne Romain Ledoux, directeur de MyCO2. Un simple vol peut doubler l’empreinte carbone annuelle d’un sportif.
L’impact des équipements sportifs
Le choix des équipements de course a également un impact non négligeable sur l’environnement. En moyenne, une paire de chaussures de running génère entre 7 et 14 kg de CO2 pendant sa fabrication et sa logistique. Les vêtements tels que t-shirts, shorts, et vestes représentent également une part importante de l’empreinte avec des valeurs variant entre 4 et 10 kg par pièce.
D’après les recherches menées par Decathlon, les équipements contribuent à hauteur de 13 % à l’impact environnemental annuel d’un coureur. Il est donc préférable d’investir dans des produits robustes plutôt que de multiplier les achats d’équipements ultra-techniques, souvent renouvelés tous les quelques mois.
Le dilemme des coureurs professionnels
Pour les coureurs professionnels, la question de l’impact environnemental est encore plus complexe. Leur métier implique souvent de nombreux déplacements, rendant difficile toute éthique écologique. Cependant, des initiatives commencent à émerger.
Le collectif Les Climato-sportifs, formé en 2023, promeut une pratique sportive plus durable. Younes Neza, sprinter et cofondateur de ce collectif, affirme que le sport peut être un vecteur essentiel pour la transition écologique. Ils encouragent les athlètes à adopter des bonnes pratiques liées à leur transport, alimentation et équipement, sans culpabiliser les sportifs.
Les courses : un enjeu majeur
Participer à une course engendre également une augmentation des déplacements, des ravitaillements, et l’utilisation d’équipements jetables. Par exemple, l’UTMB, l’un des plus grands événements trail à l’échelle mondiale, note que 98 % de son empreinte carbone provient des transports, avec une estimation totale de 18 600 tonnes de CO2 pour 2024.
Initiatives des organisateurs d’événements
Conscients de cet impact, certains organisateurs de courses mettent en place des mesures pour diminuer l’empreinte écologique de leurs événements. Parmi les initiatives, on trouve :
- Une contribution carbone volontaire, bientôt obligatoire.
- Des bonus pour les coureurs utilisant des moyens de transport à faible émission de carbone.
- Une collaboration avec des collectivités pour optimiser la mobilité lors des événements.
La biodiversité et la planification d’itinéraires
Course après course, l’impact de la pratique sur la biodiversité ne peut être ignoré. En courant en pleine nature, les sportifs peuvent perturber les habitats locaux et la faune qui y vit. Christelle Baccage, du Conservatoire des espaces naturels de Haute-Savoie, souligne que chaque pas en dehors des sentiers traduisent une forme d’érosion. Leurs effets peuvent s’amplifier proportionnellement au nombre de participants.
Les courses nocturnes et l’impact sur la faune
Les courses nocturnes posent également des questions inhérentes à la tranquillité des écosystèmes. Les lampes frontales conçues pour ces événements peuvent déranger la faune, qui perd sa quiétude pendant ces moments de perturbation. De même, même en milieu urbain, il est judicieux d’éviter les périodes de forte pollution pour préserver la santé des coureurs.
Des gestes simples pour courir plus responsable
En tant que coureurs, il est possible d’adopter des comportements qui limitent l’impact écologique. Parmi les actions à privilégier, on peut citer :
- Privilégier des déplacements en train ou en covoiturage pour se rendre aux événements.
- Choisir un équipement durable qui répond aux besoins spécifiques du coureur.
- Éviter de courir hors des sentiers balisés, en particulier dans les milieux naturels fragiles.
- Limiter les achats impulsifs d’équipement technique.
- Réfléchir à l’impact d’une course avant de s’inscrire.
Vers une course à pied plus respectueuse
De plus en plus d’organisateurs d’événements adoptent des démarches pour réduire l’impact de leurs courses. Par exemple, des ravitaillements sans bouteilles jetables, une diminution du nombre de dossards, ou même la suppression des t-shirts finisher, qui peuvent générer jusqu’à 6 kg de CO2, font partie des initiatives en cours.
Ces étapes sont primordiales pour conjuguer passion du sport avec le respect de l’environnement. Si nous souhaitons toujours apprécier les beautés des sentiers en 2050, alors il est vital de veiller à leur préservation dès aujourd’hui.

Lorsqu’il s’agit de course à pied, beaucoup d’entre nous envisagent d’abord les bienfaits pour la santé, mais une question de plus en plus cruciale se pose : quel est l’impact environnemental de cette activité ? Émilie, courante régulière, partage son point de vue : « J’adore courir dans les parcs près de chez moi, mais en y réfléchissant, je me demande si mes sorties quotidiennes ont un coût pour la planète. Entre les déplacements et l’équipement, je me sens un peu coupable. »
Un autre coureur, Marc, se concentre sur son empreinte carbone lors de ses voyages pour participer à des marathons. « J’ai pris l’avion pour plusieurs courses internationales et je n’avais jamais réalisé à quel point ces trajets augmentaient mon empreinte carbone. Pour mes prochaines courses, je vais privilégier les événements locaux pour réduire mes émissions. »
Sophie, athlète amateur qui s’est récemment renseignée sur les pratiques écologiques, explique : « J’ai appris que mes chaussures de course et mes vêtements contribuent aussi à mon impact environnemental. J’essaie désormais de choisir des équipements conçus de manière durable et de les garder plus longtemps. Troquer la mode pour la durabilité semble être la voie à suivre. »
Le collectif des Climato-sportifs, fondé par des coureurs engagés, a également fait entendre sa voix. Younes commente : « Nous avons la responsabilité de promouvoir des pratiques plus durables dans nos courses. Chaque geste compte, que ce soit en évitant les déplacements en voiture ou en réduisant notre consommation d’équipement. »
Christelle, du Conservatoire des espaces naturels, met en lumière un autre aspect délicat de l’équation : « Courir en milieu naturel peut déranger la faune locale. Les coureurs doivent être conscients de l’impact de leurs pas, en particulier en dehors des sentiers balisés. Protéger la biodiversité tout en profitant de notre passion est un véritable défi. »
Enfin, pour conclure, il est indispensable de réfléchir aux choix que nous faisons en tant que coureurs. Julien, un passionné de trail, résume bien ce dilemme : « Je tiens à profiter de la nature que j’aime, mais je comprends que cela implique une certaine responsabilité. Trouver un équilibre entre ma passion pour la course et le respect de l’environnement est essentiel pour l’avenir. »