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EN BREF
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Le football professionnel fait face à un défi majeur : son impact environnemental. Avec des émissions annuelles de 275 000 tonnes de CO2, principalement liées aux déplacements des supporters, le sport peine à intégrer des pratiques écologiques. Alors que les compétitions augmentent et que les clubs se concentrent sur la performance sportive, les questions environnementales restent souvent secondaires. Les infrastructures, majoritairement gérées par les villes, limitent également les actions des clubs. La nécessité d’un changement est urgente, non seulement pour la planète, mais aussi pour la santé des joueurs et l’avenir du sport.
Dans un contexte où la crise climatique s’intensifie, le monde du football semble hésiter à prendre des mesures concrètes en faveur de l’écologie. Les instances dirigeantes et les clubs professionnels peinent à établir des politiques durables, malgré la pression croissante exercée par les supporters, les médias et les acteurs engagés pour la planète. Ce phénomène soulève des questions cruciales sur la manière dont le sport, habituellement perçu comme un vecteur d’unité et d’émotions, peut également être un moteur de changement pour un avenir plus responsable.
L’empreinte carbone du football : une réalité inquiétante
Le football professionnel, à travers ses compétitions emblématiques comme la Ligue 1 et la Ligue 2, génère une empreinte carbone considérable. Selon le Shift Project, le football français serait responsable de l’émission de 275 000 tonnes d’équivalent CO2 chaque année. Cette situation équivaut à l’empreinte carbone de 30 000 Français ou, pour donner un ordre d’idée, à l’équivalent de 150 000 allers-retours Paris-New York en avion.
Les supporters : principales sources d’émissions de CO2
Une part importante de cette empreinte est attribuée aux déplacements des supporters. Ils représentent à eux seuls 63% des émissions de gaz à effet de serre liées au football professionnel. Avec plus de 10 millions de spectateurs en Ligue 1 et Ligue 2, la majorité de ces fans choisit souvent la voiture ou l’avion pour se rendre aux matches, exacerbant ainsi le problème environnemental.
Le dilemme de la rentabilité économique
Malgré la prise de conscience croissante autour des enjeux écologiques, le modèle économico-sportif actuel semble incompatible avec la nécessité de réduire l’impact environnemental. Les clubs font face à des défis constants pour garantir la performance sur le terrain, ce qui les pousse souvent à privilégier les chiffres d’affaires au détriment des initiatives durables. Aurélien François, maître de conférences en management du sport, souligne que dans un système où l’économie prédomine, l’environnement est souvent relégué au second plan.
Des initiatives fragiles face à une crise systémique
Il est évident que certaines tentatives ont été faites pour intégrer des pratiques plus responsables. Par exemple, l’association Football Écologie France accompagne les clubs dans la réduction de leur empreinte carbone, et 93% des fans interrogés dans un sondage souhaitent que le football fasse davantage d’efforts pour la transition écologique. Cependant, ces initiatives restent souvent isolées et manquent de cohérence à l’échelle du football professionnel.
Infrastructures et gestion des stades : un obstacle majeur
Un autre frein majeur à l’écologisation du football est le fait que de nombreux clubs ne possèdent pas leurs stades. Ils n’ont donc pas l’autorité nécessaire pour adopter des pratiques écoresponsables concernant les infrastructures. La gestion des lieux, qui comprend des aspects essentiels comme l’énergie, la gestion des déchets ou l’entretien des pelouses, échappe souvent à la volonté des clubs, rendant le changement encore plus complexe.
Compétitions internationales : une contradiction environnementale
Les compétitions européennes et internationales aggravent également la situation. L’augmentation du nombre de clubs et de matches, comme le montre la création de la Ligue Europa Conference ou l’expansion de la Ligue des champions, surenchérit sur les besoins de déplacement. Cela exige non seulement plus de déplacements, mais également des distances accrues, augmentant par conséquent les émissions de GES.
Le rôle des joueurs et des sponsors
Les footballeurs professionnels, en tant que figures d’influence, ont un rôle crucial à jouer dans cette dynamique. Leur engagement personnel sur les questions écologiques pourrait considérablement annuler l’impact des discours des instances sportives. Pourtant, les stars du football affichent souvent une réticence à aborder ces problèmes, préférant se concentrer sur leur performance sportive.
La voix du public et les attentes des supporters
Les fans, en revanche, sont de plus en plus vocal sur les enjeux environnementaux. De nombreux groupes de supporters militent pour une politique écologique proactive de la part de leurs clubs. Cette dynamique pourrait, à terme, forcer les clubs à évoluer, mais le chemin reste semé d’embûches face aux inerties structurelles du football professionnel.
Perspectives d’avenir : vers une prise de conscience collective
Dans l’attente d’une action plus concrète, certaines initiatives prennent forme. Des clubs comme l’Olympique Lyonnais, l’AJ Auxerre ou le RC Lens affichent des ambitions environnementales, cherchant à améliorer leur impact écologique. Cependant, ces efforts doivent impérativement être soutenus par des politiques publiques et une forte volonté collective pour instaurer un changement durable dans le paysage footballistique.
Une opportunité pour un changement radical
Le football a le potentiel d’agir comme un catalyseur pour des changements sociétaux plus larges. Si une collaboration entre les clubs, les fédérations et les instances écologiques se met en place, les résultats pourraient être transformateurs. Des actions telles que des campagnes de sensibilisation sur les déplacements verts ou une promotion active du covoiturage pourraient s’avérer bénéfiques.
Conclusion provisoire : un chemin encore à tracer
Il est crucial pour le football de rompre avec les schémas traditionnels qui le retiennent en arrière. L’engagement pour l’environnement doit devenir une priorité, non seulement pour la survie des clubs, mais aussi pour celle de notre planète. Les enjeux sont clairs, et il incombe maintenant au football d’agir.

Témoignages sur Football et Écologie : Pourquoi le Sport Roi Tarde Encore à S’Engager pour l’Environnement
Après des années de passion pour le football, Théo Fleurance, un Lyonnais de 31 ans, a décidé de faire un pas en arrière. « Je ne vais plus au stade, je ne suis pas abonné à la plateforme Ligue 1+ et je n’achète plus de maillots », confie-t-il. Pour cet aficionado, prendre conscience de l’impact environnemental du football professionnel a été un véritable choc. De ses premières émotions au stade de Gerland, il a évolué vers une désillusion face à un sport qu’il aimait tant, considérant que les valeurs écologiques et sociales qu’il défend ne sont pas respectées.
En 2020, Théo a décidé de passer à l’action en devenant responsable de l’antenne lyonnaise de l’association Football Écologie France. Cette structure offre un accompagnement aux clubs souhaitant réduire leur empreinte carbone. À travers un sondage effectué en 2022, il a été révélé que 93% des fans interrogés estiment que le football doit faire davantage d’efforts pour la transition écologique.
Mais la tâche s’avère difficile. Le football professionnel français, selon le Shift Project, émet chaque année 275 000 tonnes d’équivalent CO2. Pour mettre cela en perspective, cette émission est équivalente à 150 000 allers-retours entre Paris et New York en avion ou représente l’empreinte carbone annuelle de 30 000 Français. La principale source de ces émissions est le déplacement des supporters, représentant 63% des gaz à effet de serre générés.
Le constat est clair : les plus de dix millions de spectateurs en Ligue 1 et Ligue 2 qui se déplacent en voiture ou en avion ajoutent une pression considérable sur l’environnement. Théo souligne que, bien que la Ligue de football professionnel ait réduit certains matches pour des raisons économiques, la tendance générale dans le football européen et international est à l’augmentation du nombre de matchs, ce qui accentue les distances parcourues et les émissions de CO2.
« L’UEFA a créé de nouvelles compétitions et modifié le format des courses, entraînant une croissance importante des matchs », note un spécialiste du secteur, évoquant que jusqu’à 60 matchs supplémentaires seront joués chaque saison à partir de 2024-2025. Cela implique non seulement plus de déplacements mais aussi des trajets parfois aberrants, comme les matchs programmés à l’autre bout du monde pour des raisons commerciales.
« Les clubs ne contrôlent pas tous les leviers pour répondre aux enjeux environnementaux », admet Manon Lombard, responsable RSE au Toulouse FC. Le manque de contrôle sur les stades, souvent propriété des villes, complique les efforts. Les décisions concernant le transport des supporters et les infrastructures passent par des intermédiaires, rendant chaque initiative plus ardue et lente à mettre en place.
Les enjeux du changement climatique sur la performance des athlètes soulèvent également des préoccupations. Alexis Lepage, consultant en questions environnementales, rappelle que le football peut avoir une large influence sur la société. « Si un joueur célèbre s’exprime sur cette problématique, l’impact médiatique sera bien plus fort qu’un rapport d’expert », affirme-t-il. Les exemples de personnalités du sport se prononçant sur le climat pourraient favoriser un changement d’attitude envers l’écologie.
Malgré l’apparent décalage entre les valeurs écologiques et les actions des clubs, il existe des raisons d’espérer que le football professionnel français commence à prendre des initiatives. Poussé par la Ligue de football professionnel, certains clubs cherchent à améliorer leur bilan environnemental, bien qu’il reste encore beaucoup à faire.
