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EN BREF
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La filière spatiale s’engage à réduire son impact écologique en élaborant une feuille de route de décarbonation. Sous l’impulsion du ministère de l’Économie et du CNES, les acteurs du secteur ont réalisé un état des lieux pour mesurer leur empreinte carbone, qui représente environ 0,3 % des émissions liées à la France. Cette démarche, qui inclut l’identification de sources de pollution et la définition de leviers d’action, vise à minimiser les consommations énergétiques et à optimiser les transports et la logistique. L’engagement dans la décarbonation est considéré comme une opportunité pour dynamiser l’innovation et renforcer la compétitivité économique, tout en répondant aux enjeux environnementaux.
La filière spatiale est confrontée à des défis environnementaux croissants en raison de la montée des enjeux liés au changement climatique. Dans ce contexte, un engagement collectif pour réduire l’impact carbone de ses activités a été confirmé par le développement d’une feuille de route de décarbonation, promulguée sous l’impulsion du ministère de l’Économie en 2023. Ce projet, fruit d’un travail collaboratif entre l’État et l’industrie spatiale, vise à identifier les sources de pollution, établir des stratégies de décarbonation et favoriser l’innovation dans le secteur. Cet article examinera les efforts de la filière spatiale pour diminuer son impact écologique et ses contributions à la transition vers une économie plus durable.
Vers une neutralité carbone en 2050
La loi Climat et résilience impose aux secteurs les plus polluants d’élaborer des stratégies de décarbonation. Avec un objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050, il devient essentiel d’atteindre un équilibre entre les émissions de carbone et leur absorption ou compensation. Cette initiative positionne la filière spatiale comme un acteur clé, alors que celle-ci représente environ 0,3 % des émissions de carbone de la France, ce qui correspond à un impact relativement modéré comparé à d’autres industries.
État des lieux et empreinte carbone
Calcul de l’empreinte carbone
Le premier pas vers la décarbonation a été la réalisation d’un état des lieux concernant l’empreinte carbone des activités spatiales. Cette analyse approfondie inclut l’ensemble de la filière, allant des lanceurs aux équipements au sol, en passant par les satellites et le traitement des données. Les résultats de cette étude ont démontré que les lancements ne sont pas la principale source d’émissions; en effet, une grande partie des contributions négatives provient des terminaux au sol et de l’usage accru des services spatiaux dans notre vie quotidienne.
Un impact modéré
Ce diagnostic remet en question certaines idées reçues sur l’impact environnemental du secteur spatial. Par exemple, il est surprenant de constater que la gestion et le stockage des données, ainsi que les infrastructures au sol, contribuent significativement à l’empreinte carbone, ce qui n’était pas envisagé auparavant. À mesure que le secteur spatial évolue, la nécessité d’évaluations continues s’impose, notamment concernant les impacts en haute atmosphère, dont les conséquences doivent encore être quantifiées.
Les leviers de décarbonation identifiés
Thématiques de réduction de l’empreinte carbone
Sur la base de l’analyse d’empreinte carbone, le groupe de travail a établi plusieurs thématiques pour guider les efforts de décarbonation. Celles-ci sont associées à onze leviers d’action permettant d’optimiser les consommations énergétiques durant toutes les phases de développement, qualification et fabrication des programmes spatiaux.
Optimisation des transports et logistique
L’une des priorités de la feuille de route est d’optimiser les transports et la chaîne logistique. La mutualisation des ressources et des infrastructures pourrait également jouer un rôle crucial dans la réduction des dérives environnementales. Ces actions favorisent une réduction directe de l’empreinte carbone générée par les déplacements et le transport de matériel spatial, contribuant ainsi à la construction d’un écosystème plus durable.
Écoconception et innovation
En ce qui concerne le développement des produits et processus industriels, mettre l’accent sur l’écoconception est essentiel. La feuille de route souligne l’importance de travailler sur les matériaux utilisés et les méthodes de fabrication pour minimiser les impacts environnementaux dès la conception. Cela implique une coopération accrue entre les acteurs publics et privés pour favoriser l’innovation dans des méthodes moins énergivores et plus efficaces.
Un engagement collectif et structuré
Collaboration entre acteurs du secteur
La feuille de route de décarbonation représente un engagement collectif inédit au sein de la filière spatiale. Pour la première fois, les acteurs du secteur mènent une réflexion concertée, organisés autour des recommandations du CNES, dans le cadre du Comité de concertation entre l’État et l’industrie sur l’espace (Cospace). Cela ouvre la voie à une collaboration renforcée afin d’assurer l’implication de tous dans cette démarche stratégique.
Rôle de l’État dans le financement
L’État joue un rôle central dans l’orientation stratégique des projets spatiaux à travers cette feuille de route de décarbonation. Les décisions publiques relatives aux financements de programmes spatiaux tiendront compte des engagements de durabilité des entreprises. Ainsi, les choix opérés par l’État pourront inciter les entreprises à adopter des pratiques plus écologiques et à répondre aux défis climatiques actuels.
La transition écologique et la compétitivité
Sobriété et innovation comme moteurs de changement
Au-delà des obligations environnementales, la filière spatiale considère la décarbonation comme une opportunité de renforcer sa compétitivité. En intégrant ces pratiques durables, le secteur peut réinventer des processus, stimuler la recherche et le développement, et ainsi développer des solutions technologiques qui répondent à la variabilité des prix de l’énergie et à l’accès limité aux matières premières. Cette perspective d’innovation et d’agilité est cruciale pour maintenir la position de leader que la France occupe dans le domaine spatial.
Les retombées pour l’industrie spatiale
Cette dynamique d’évolution est encouragée par les entreprises qui s’orientent vers des services spatiaux novateurs tout en intégrant les préoccupations environnementales. Par exemple, la conception de pas de tir communs à différentes activités de lancement permet de mutualiser les ressources et de diminuer l’impact écologique lié à l’infrastructure. Cela démontre bien que l’industrie est prête à prendre des initiatives proactives en matière de durabilité.
Les implications pour la recherche et l’innovation
Encouragement à l’innovation durable
La feuille de route de décarbonation représente aussi un catalyseur pour le développement de nouveaux projets d’innovation. Les entreprises et centres de recherche sont invités à collaborer sur des technologies qui promettent de réduire l’impact environnemental tout au long du cycle de vie des systèmes spatiaux. Celles-ci incluront des améliorations dans la conception des satellites et des traitements des données.
Impact sur les politiques publiques européennes
Les évolutions dans le secteur spatial doivent également tenir compte des règlements et de la programmation au niveau européen. Les décisions de l’ESA (Agence Spatiale Européenne) et les réglementations mises en place par l’Union Européenne doivent s’intégrer dans cette dynamique de décarbonation, ce qui implique un suivi constant et une capacité d’adaptation face aux changements.
Contributions de la filière spatiale à la lutte contre le changement climatique
Utilité des services spatiaux
Les activités spatiales, bien qu’elles soient émettrices de carbone, offrent également des services indispensables pour la lutte contre le changement climatique. Les missions d’observation, telles que le satellite MicroCarb lancé l’été dernier pour surveiller les concentrations de CO2, ainsi que les programmes comme Copernicus, fournissent des données essentielles pour comprendre et analyser les phénomènes environnementaux.
Rôle clé des technologies spatiales
Ces technologies spatiales sont un atout précieux dans la recherche de solutions visant à atténuer les effets du changement climatique. D’après les experts, 26 des 50 variables climatiques essentielles établies par le GIEC sont mesurées depuis l’espace. Ces données sont cruciales pour informer les politiques environnementales et permettre un meilleur suivi des évolutions climatiques.
La filière spatiale doit donc continuer à intégrer l’écologie dans ses processus, tout en menant des projets innovants qui réconcilient compétitivité et responsabilité environnementale. Les prochaines étapes consisteront à maintenir un dialogue constant entre les différents acteurs, à évaluer régulièrement les leviers de décarbonation et à rester vigilant face aux impacts environnementaux de l’activité spatiale. Pour en savoir plus sur les actions entreprises par le secteur, vous pouvez consulter la feuille de route de décarbonation de la filière spatiale.

Témoignages de l’engagement de la filière spatiale pour une réduction de l’impact écologique
La filière spatiale a pris conscience des enjeux climatiques actuels et s’engage résolument à diminuer son impact écologique. Emmanuel Bourdoncle, chef de projets régulation et durabilité des activités spatiales, souligne : « Le point de départ de notre démarche a été de réaliser un état des lieux pour calculer l’empreinte carbone des activités spatiales. Ce diagnostic a révélé que l’impact carbone du secteur est modéré, représentant seulement 0,3% des émissions totales de la France. Cette évaluation a permis de remettre en question certaines idées reçues concernant l’empreinte carbone des lancements. »
Laurence Monnoyer-Smith, directrice de la délégation au développement durable du CNES, partage également son enthousiasme face à cette initiative : « La feuille de route de décarbonation représente un engagement collectif sans précédent parmi les nations spatiales. Nous avons identifié cinq grandes thématiques et onze leviers à actionner pour réduire notre empreinte carbone, incluant l’optimisation des transports, l’écoconception et la mutualisation des ressources. »
Par ailleurs, des industriels impliqués dans le secteur continuent d’explorer de nouvelles voies. Un représentant d’une entreprise innovante déclare : « Nous sommes très engagés dans la transition écologique. Par exemple, nous réfléchissons à la construction de pas de tir communs pour plusieurs activités de lanceurs, ce qui permettrait de réduire notre empreinte carbone tout en favorisant des synergies au sein de la filière. »
Enfin, la communauté scientifique réaffirme l’importance de la recherche et de l’innovation. Un chercheur impliqué dans le programme Copernicus affirme : « Les technologies spatiales jouent un rôle indispensable dans la compréhension des phénomènes environnementaux. Grâce à nos satellites, nous mesurons 26 des 50 variables climatiques essentielles reconnues par le GIEC. Cela démontre que, malgré notre impact carbone, nous contribuons de manière significative à la lutte contre le changement climatique. »
