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EN BREF
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Selon un rapport du think tank The Shift Project, l’expansion rapide des infrastructures d’intelligence artificielle (IA) et des datacenters entraîne une hausse significative de l’empreinte carbone et de la consommation électrique. Avec la popularité croissante des technologies comme la GenAI, la part de l’IA dans la consommation électrique des datacenters pourrait atteindre 35% d’ici 5 ans, et possiblement 45% d’ici 2035. En 2022, le numérique représentait déjà 4,4% des émissions de gaz à effet de serre en France, et 10% de la consommation électrique mondiale. La dynamique actuelle expose l’industrie à un risque d’inadéquation par rapport aux objectifs de décarbonation, notamment en raison de l’importante dépendance à l’égard des énergies fossiles, comme le gaz naturel. Cette situation entraîne également des conflits d’usage avec d’autres secteurs essentiels, comme les transports et le chauffage, qui nécessitent également de l’électricité. Les demandes croissantes sans considérations d’impact environnemental soulèvent des inquiétudes quant à l’avenir des infrastructures numériques et nécessitent une planification proactive et une évaluation des impacts énergétiques
Dans un monde de plus en plus numérisé, l’émergence des infrastructures d’intelligence artificielle (IA) soulève de vives inquiétudes quant à leur impact sur l’environnement. L’explosion de la consommation énergétique de ces systèmes, couplée à la demande croissante pour des datacenters, met en lumière la nécessité d’une réflexion approfondie sur les conséquences écologiques du développement des technologies de l’IA. En examinant les données fournies par The Shift Project et d’autres études, il devient crucial de prendre conscience des implications de la croissance exponentielle de ces infrastructures sur notre planète.
La consommation énergétique des datacenters
Les datacenters, qui servent de piliers aux infrastructures d’IA, sont responsables d’une part considérable de la consommation électrique mondiale. Selon The Shift Project, la dynamique de l’IA représente déjà 15% de la consommation électrique des datacenters au niveau mondial, un chiffre qui pourrait grimper de manière alarmante à 35% dans les cinq prochaines années et atteindre jusqu’à 45% d’ici 2035. En 2020, le numérique dans son ensemble représentait près de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), un pourcentage qui continuera d’augmenter à mesure que la demande en IA croît.
L’empreinte carbone de l’IA
Un autre aspect préoccupant est l’empreinte carbone générée par la construction des datacenters et la production des équipements qui les alimentent. The Shift Project indique que l’empreinte des datacenters en matière de GES pourrait atteindre entre 630 à 920 MtCO2e d’ici 2030, un chiffre qui pourrait être double par rapport aux émissions totales de la France. Ce panorama dépeint une réalité inquiétante : les infrastructures d’IA risquent de ne plus être soutenables lorsqu’on les place sur l’échiquier climatique mondial.
Une tension sur les réseaux électriques
La demande grandissante en énergie pose un défi pour les réseaux électriques, notamment dans des pays comme l’Irlande où la consommation des datacenters a explosé. En 2015, ces infrastructures représentaient environ 5% de la consommation énergétique du pays, tandis qu’en 2022, cette proportion a grimpé à 20%. Cette situation a entraîné des tensions significatives sur les réseaux, forçant les opérateurs à limiter la connexion de nouvelles installations de datacenters.
Un retour aux énergies fossiles
Face à cette consommation d’énergie incontrôlée, certains acteurs de l’IA se sont tournés vers les énergies fossiles, contournant ainsi les moratoires sur de nouveaux datacenters. Par exemple, en Irlande, les entreprises ont commencé à établir des connexions directes au réseau de gaz naturel pour assurer l’alimentation de leurs infrastructures. Aux États-Unis, la tendance est similaire avec des projets de centrales à gaz naturel pour soutenir la croissance des datacenters. Ce retour à des sources d’énergie non renouvelables a de graves conséquences environnementales, augmentant l’empreinte carbone du secteur numérique.
Des enjeux de durabilité
Pour répondre à ces défis, il est impératif de développer des stratégies de décarbonation adaptées aux infrastructures de l’IA. Cela implique de produire de l’énergie à partir de sources renouvelables et de prévoir une réduction significative des émissions de GES d’ici 2050. Le rapport de The Shift Project propose un objectif ambitieux de réduction de 90% des émissions, nécessitant des efforts considérables au niveau technologique et politique pour réaliser une transformation durable.
Une gestion insuffisante des impacts environnementaux
La complexité de l’impact environnemental des datacenters réside également dans la difficulté d’analyser l’empreinte carbone des composants électroniques nécessaires à leur fonctionnement. Les différents matériaux et leurs processus de fabrication engendrent également un coût énergétique significatif, contribuant au problème global. Le manque de transparence concernant la consommation énergétique des géants technologiques rend les évaluations difficiles. Les Directions des Systèmes d’Information (DSI) se retrouvent alors dans une position délicate, car une grande partie de leurs décisions repose sur des données manquantes ou peu fiables.
Exemples préoccupants en Europe
Les situations observées en Irlande ne sont qu’un exemple parmi d’autres de la nécessité d’une planification proactive des infrastructures numériques. En France, par exemple, le pays envisage de créer de nouveaux datacenters, menaçant d’augmenter la consommation énergétique de 2% aujourd’hui à 7,5% d’ici 2035. Un tel scénario pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la consommation des ressources, créant des conflits avec d’autres secteurs essentiels, comme les transports et le chauffage, où la décarbonation nécessite déjà un recours accru à l’électricité.
Agir pour un avenir durable
Pour éviter la catastrophe environnementale imminente, une prise de conscience collective s’impose. En intégrant les enjeux liés aux datacenters dans les stratégies nationales de transition énergétique, les gouvernements peuvent mieux gérer leur impact environnemental. La France, par exemple, doit prendre en compte le potentiel inquiétant d’une consommation énergétique croissante dans ses décisions stratégiques futures. De cette manière, il sera possible de négocier des compromis pour un avenir numérique durable.
Solutions pour une IA respectueuse de l’environnement
Dans ce contexte préoccupant, il existe des solutions susceptibles de réduire l’impact des infrastructures d’IA sur l’environnement. Des initiatives telles que celles mises en avant par des organisations comme le climate action peuvent fournir des recommandations pratiques pour une durabilité accrue dans le domaine de l’IA. Par ailleurs, un engagement fort en faveur des énergies renouvelables, jumelé à des technologies d’IA moins gourmandes en énergie, pourrait permettre d’atténuer les effets nocifs des infrastructures numériques.
Vers une IA éthique et écologique
Il est crucial pour les entreprises de s’interroger sur la manière dont elles peuvent contribuer à un développement de l’IA éthique et responsable. Par exemple, la nécessité de se tourner vers des modèles d’IA plus frugaux, tels que les succinct language models (SLM), pourrait présenter une alternative viable pour réduire la consommation énergétique. Les entreprises doivent également réévaluer leurs stratégies d’IA, en intégrant des principes d’écologie et de conformité éthique, comme illustré par le manifeste pour une IA éthique de la Macif.
Les infrastructures d’intelligence artificielle, bien qu’incontournables dans le paysage technologique actuel, posent des défis environnementaux majeurs. Il est impératif de mener une réflexion sérieuse sur leur impact à long terme et de prendre des mesures pour garantir que l’innovation ne se fasse pas au détriment de notre planète. La coopération entre acteurs publics et privés, ainsi qu’une prise de conscience de la part des consommateurs, sont primordiales pour naviguer innover tout en préservant la durabilité de notre environnement.
Pour approfondir cette problématique et explorer des solutions, des études telles que celles présentées sur la transition écologique des modèles de langage, et les initiatives prises par des entreprises comme Accenture dans leurs infrastructures durables, peuvent fournir des insights précieux. Il devient essentiel d’engager un dialogue autour de ces enjeux pour garantir un avenir numérique respectueux de notre planète, comme le souligne le rapport de Mistral AI, ou encore de s’inscrire dans une démarche de décarbonation, telle que présentée sur notre feuille de route pour un avenir durable.
Pour les organisations prêtes à s’engager, il est primordial d’explorer leur engagement écologique et de promouvoir des solutions qui minimisent leur impact, tout en maximisant les bénéfices tirés de l’IA.

Témoignages : Les effets alarmants des infrastructures d’intelligence artificielle sur notre environnement
La croissance rapide des infrastructures nécessaires pour soutenir les systèmes d’intelligence artificielle (IA) a suscité de vives inquiétudes quant à leur impact environnemental. De nombreux experts se sont exprimés sur la nécessité urgente d’aborder cette question, notamment en raison de la consommation électrique exponentielle des datacenters.
Un ingénieur en environnement, travaillant sur la durabilité des technologies du numérique, a déclaré : « Nous observons une explosion de la consommation d’énergie, en particulier depuis l’avènement de la GenAI. Si cette tendance se poursuit sans avoir été anticipée, nous risquons de dépasser les limites de ce qui est écologiquement viable pour notre planète. »
Un responsable d’une ONG environnementale a également partagé son inquiétude : « Les datacenters représentent déjà une part significative des émissions de gaz à effet de serre. Si la demande en IA ne fonctionne pas en parallèle avec des solutions durables, nous allons directement vers une catastrophe environnementale. »
De son côté, un directeur des systèmes d’information (DSI) a souligné les défis auxquels ils font face : « En tant que DSI, il est difficile de quantifier l’impact énergétique des solutions IA que nous déployons. Les géants de la tech ne nous fournissent pas des données transparentes sur leur consommation directe d’énergie. Cela complique notre capacité à réduire notre empreinte carbone. »
Un chercheur spécialisé dans les technologies numériques a averti : « Chaque datacenter que nous construisons pour soutenir l’IA a un coût environnemental. Nous devons penser à l’ensemble de la chaîne, de la construction à l’opération, en passant par la fabrication des équipements. Ignorer ces aspects revient à se mentir sur la durabilité de notre développement technologique. »
Enfin, un universitaire a averti, en se référant à l’exemple de l’Irlande : « La croissance des datacenters dans des pays comme l’Irlande illustre ce qui peut arriver si nous ne planifions pas correctement notre approvisionnement énergétique. La charge sur le réseau électrique a déjà conduit à des choix désastreux en matière d’énergie, tels que le recours aux énergies fossiles. »
